Appel de communications

 

L'activité littéraire, en tant que fait social qui mobilise le temps, l'effort et les facultés intellectuelles d'une partie de la population, a souvent été pensée par le biais de concepts généralement attribués au travail. Parallèlement, le labeur a longtemps fait l'objet de représentations et de thématisations au sein de la production littéraire occidentale. Plus encore, les liens unissant la littérature au travail se manifestent jusque dans les présupposés méthodologiques de la sociocritique, laquelle est fondée sur le postulat voulant que le texte littéraire «travaille» l'idéologie et le discours social en l'incorporant et la soumettant à un objectif esthétique. À travers les oppositions bien connues entre l'inspiration et le travail du style, le génie et le tâcheron, l'élite oisive et le prolétariat, se construit un imaginaire du travail dont participe une interrogation sur le métier d'écrivain, l'acte d'écriture et les institutions de la vie littéraire. Dans le cadre de son prochain colloque, le Collège de sociocritique de Montréal invite les participants à réfléchir aux questions et problèmes suivants :

• Selon quelles modalités et dans quels buts le fait littéraire a-t-il pu, au fil des époques, être pensé grâce aux concepts issus du domaine du travail (technique, savoir-faire, outil, matériau, ouvrage, etc.) ? Comment le vocabulaire du travail a-t-il été repris et métaphorisé pour exprimer la réalité du métier littéraire (être un artisan de la langue, forger le style, ciseler des phrases, etc.) ?

• Dans un état de société donné, en quoi les sociabilités littéraires reproduisent-elles — ou ne reproduisent-elles pas — le mode de rassemblement en vigueur dans le domaine du travail (compagnonnage, syndicalisation, etc.) ?

• Dans quelle mesure les changements de visage du labeur — à la suite de bouleversements tels que la révolution industrielle ou la révolution informatique, par exemple — entraînent-ils une redéfinition des pratiques littéraires ?

• De quelle manière certains courants idéologiques instrumentalisent-ils le thème du travail pour exprimer leurs revendications (littérature prolétarienne et ouvrière, propagande, etc.) ?

• Le genre retenu par l'écrivain agit-il sur la thématisation du travail ? Représente-t-on différemment le labeur dans un poème ou un roman, dans un pamphlet ou une chanson ?

Sans restreindre sa perspective à une période, à un genre ou à une littérature particulière, le colloque sera ouvert aux études qui abordent des questions de ce type du point de vue de la sociocritique, de l'analyse du discours et de la sociologie de la vie littéraire.

 

Programme

 

27 octobre 2006
Le labeur, objet de discours

Présidente de séance : Micheline Cambron

9 h 30 – 10 h 15
Marie-Josée Charest (Université de Montréal)
Chansons de Mary Travers : une fiction de l'univers ouvrier pendant la Crise

10 h 15 – 11 h
Sylvain David (Université Concordia)
L'analyseur Bardamu. Représentation du travail et travail du texte dans Voyage au bout de la nuit (1932) de Louis-Ferdinand Céline

11 h - 11 h 15
Pause

11 h 15 – 12 h
Pierre Popovic (Université de Montréal)
Une apologie du travail : le tour de France 2006

12 h – 13 h 30
Repas

Président de séance : Sylvain David

13 h 30 – 14 h 15
Djemaa Maazouzi (Université de Montréal)
Travail en usine et consciences travailleuses dans Élise ou la vraie vie de Claire Etcherelli (1967)

14 h 15 – 15 h
Isabelle Morlin (Université Lyon 3 – Jean-Moulin)
Récits de voyages marchands à la fin du XVIIe siècle : portrait du négociant en héros

15 h – 15 h 15
Pause

15 h 15 – 16 h
Catherine Parayre (Université Brock)
Métiers d'antan et langue menacée : la survie littéraire de l'occitan moderne

16 h – 16 h 45
Nancy Delhalle (Université de Liège)
Ouvrier et travail théâtral. Analyse de deux structures majeures dans le Jeune théâtre en Belgique francophone

28 octobre 2006
L'artiste en travailleur, l'artiste contre le travailleur

Président de séance : Benoît Melançon

10 h 30 – 11 h 15
Baptiste Franceschini (Université Bordeaux III – Michel-de-Montaigne, Université de Montréal)
«Qui sème peu récolte peu» : Chrétien de Troyes au champ romanesque

11 h 15 – 12 h

Nelly Wolf (Université Lille 3 – Charles-de-Gaulle)
La blanchisseuse et l'Ami-du-trait : à propos de l'Assommoir (Émile Zola) et du Compagnon du tour de France (George Sand)

12 h – 13 h 30
Repas

Présidente de séance : Geneviève Sicotte

13 h 30 – 14 h 15
David Vrydaghs (Université de Liège)
L'écrivain surréaliste au travail

14 h 15 – 15 h
Michel Lacroix (Université du Québec à Trois-Rivières)
Le «grand jeu» de «l'interviouwe» : les fictions médiatiques de Céline

15 h – 15 h 15
Pause

15 h 15 – 16 h
Delphine Rumeau (Université Paris X – Nanterre)
Pablo Neruda, poète compagnon

16 h
Cocktail collégial

 

Responsables : Luc Breton, Émilie Brière, Marie-Josée Charest, Benoît Melançon

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