Contours conceptuels

En sciences sociales

Le concept d’institution est utilisé depuis l’Antiquité en rhétorique (Quintilien), en théologie et en philosophie, depuis la Révolution dans le domaine politique (dans la constitution du 3 septembre 1791 le mot institutions apparaît dès le préambule pour désigner tout ce que la Révolution déclare abolir, entre autres les vœux religieux, la vénalité des offices publics, la pairie, la noblesse, la féodalité, etc.). Avant la Révolution, on parlait plutôt d’establissements pour désigner ce que nous comprenons comme des institutions politiques.

Le concept d’institution a connu une fortune extraordinaire dans la sociologie française d’avant-guerre. C’est même, de l’avis de Chevallier, ce qui lui a valu son désaveu après-guerre : « Largement utilisé dans les domaines les plus divers des sciences sociales, le concept d’institution semble en effet avoir perdu en compréhension ce qu’il a gagné en extension » (Chevallier, p. 6). Le concept a été délaissé dans la recherche en langue française dans les dernières décennies. Mais on le retrouve en sociologie (Di Maggio & Powell), en sciences politiques (Hall & Taylor), en sciences économiques (Hogdson) ainsi qu’en sciences juridiques et en histoire politique.

Le mot institution contient le sémantisme de « chose établie ». En termes synthétiques, on peut dire qu’une institution est une pratique érigée en valeur : par exemple, la constitution de couples s’est institutionnalisée dans la forme du mariage, reconnu par les lois civiles et constitué en sacrement par les religions. De là, selon Jacques Chevallier encore, ces « deux acceptions différentes, qui débouchent sur deux conceptions possibles de l’analyse institutionnelle. Par “institution”, on peut entendre, ou bien les formes sociales établies, ou bien les processus par lesquels la société s’organise » (Chevallier, p. 6).

La première acception, statique, relève d’une double tradition sociologique qui prend son origine chez Durkheim : l’institution recouvre des formes instituées impersonnelles et collectives relativement durables et stables. Elles sont à la fois un ensemble de règles et une mission, un mode de fonctionnement, des pratiques spécifiques. La seconde acception, plus dynamique, relève d’une tradition parallèle, plus souterraine, qui va de Sartre à Lourau en passant par Castoriadis : il s’agit alors d’un processus résultant de la tension entre l’« institué » et l’« instituant », les formes instituées subissant sans cesse la pression des forces instituantes (ou contre- ou anti-instituantes). La première acception a un usage récent (depuis la Révolution française), la seconde correspond à un usage plus ancien.

Les deux acceptions se rejoignent dans la définition du mot institution donnée par Guéry : selon lui le mot « renvoie à une dynamique, à une action continue, ou à la mise en œuvre d’une idée, pour lui donner une forme finale fixe, statique, laquelle prend vite le nom, également d’institution » (Guéry, p. 9).

L’une et l’autre tradition d’interprétation admettent le principe, nettement énoncé par Althusser dans l’expression « appareil idéologique d’État », d’un pouvoir, d’une contrainte et d’une violence symbolique subies par l’individu et dont l’institution est à la fois le vecteur et l’agent. Elles s’entendent aussi pour penser que la croyance collective est ce qui autorise aux institutions leur fixité. À ce titre elles sont de plein droit des faits collectifs.

Dans les études littéraires

Issus des travaux de Jacques Dubois et d’Alain Viala, les études institutionnelles portant sur le domaine du littéraire ont absorbé et en quelque sorte réconcilié les deux acceptions. Selon Lucie Robert, l’institution

« nomme à la fois une pratique sociale érigée en valeur, le processus qui permet à cette forme de s’établir de façon durable, et des instances concrètes qui la prennent en charge. Ainsi, institution littéraire peut désigner l’ensemble des normes, codes et coutumes qui régissent la création et la lecture (par exemple : les genres) ; l’institution de la littérature désigne le processus historique par lequel la littérature est devenue une forme sociale reconnue et légitime » (Robert, 2004, p. 309).

En analyse du discours

Partant d’un élargissement de la notion d’institution littéraire à « l’ensemble des cadres sociaux de l’activité dite littéraire », Dominique Maingueneau forge le concept d’« institution discursive », dans lequel sont articulés les institutions, en ce qu’elles donnent sens à l’énonciation singulière, et le processus d’institution du discours qui progresse « à la fois en instaurant progressivement un certain monde dans son énoncé et en légitimant la scène d’énonciation et le positionnement dans le champ qui rendent cet énoncé possible » (Maingueneau, 2004, p. 42).

 

Parcours conceptuel

En sciences sociales

Dans l’impossibilité de couvrir dans le cadre d’une notice les usages du concept d’institution tant en psychologie (Gehlen), en économie (Veblen), en psychanalyse (Kaës) qu’en droit et en théologie, on indiquera ici plutôt quelques jalons dans l’histoire des usages dans les sciences sociales.

Pour Saint-Just et les penseurs politiques de la Révolution, l’institution désigne toutes les forces et les formes qui exercent une contrainte sur l’individu soit par respect d’un ensemble de règles soit par respect d’une tradition (p. ex. Saint-Just).

Pour Marx et la tradition marxiste les institutions relèvent de la superstructure et ont donc essentiellement une fonction de production idéologique et de reproduction des rapports sociaux de production (ex. : le droit protège la propriété privée). Elles sont de simples reflets (images inversées) des dominations de classes. Cette interprétation chosiste ira de pair avec une faible attention de la tradition marxiste pour ce concept.

Les fondateurs de la sociologie française, Durkheim et Mauss (avec Fauconnet) font de l’institution l’objet spécifique de la sociologie : « Sont sociales toutes les manières d’agir et de penser que l’individu trouve préétablies et dont la transmission se fait le plus généralement par la voie de l’éducation » (Mauss & Fauconnet, p. 168). Ou encore : « Les institutions sont un ensemble d’actes ou d’idées tout institué que les individus trouvent devant eux et qui s’impose plus ou moins à eux » (Mauss & Fauconnet, p. 168). Ici, l’institution représente moins la chose instituée que des comportements, des « manières de penser », des expressions d’une conscience collective par rapport à une chose préexistante. L’invariance de l’institution suppose l’intériorisation par l’individu de la contrainte que fait peser l’institution, mais aussi la violence de cette contrainte.

Le concept est ensuite repris et utilisé à travers toute la tradition sociologique de la première moitié du xxe siècle avec Weber, Pareto, Malinowski. Cependant, l’extension de ses usages dans et hors la culture savante et l’attraction qu’ont éprouvé pour le concept d’institution les pères fondateurs de la sociologie française ont eu pour contrecoup que celle-ci s’en est épurée depuis la guerre.

La sociologie interactionniste s’est aussi saisie du concept d’institution. Parsons envisage l’institution dans The Social System comme des éléments de stabilisation des interactions entre les individus. Il oppose l’anomie la plus radicale à l’institutionnalisation complète et situe les institutions dans ce continuum. Les institutions sont alors réparties selon leur importance dans la structure sociale : 1) les institutions relationnelles définissent les conduites des acteurs ; 2) les institutions régulatrices régulent la légitimité de la conduite des acteurs ; 3) les institutions culturelles spécifient les conduites socialement acceptées.

De son côté, Erving Goffman a défini ce qu’il nomme « institution totale » comme « un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées ». Il intègre dans les institutions totales des appareils d’État comme les prisons, les asiles, les orphelinats mais aussi des institutions privées comme les couvents et les internats (Goffman, p. 41).

La sociologie économique américaine, dans les trente dernières années, s’est à son tour saisie du concept et fondé le « néo-institutionnalisme ». Ce courant s’oppose à l’individualisme méthodologique (théorie de l’acteur rationnel) et affirme l’importance des organisations (niveau méso-social) dans la prise de décision par les individus. Di Maggio et Powell, en particulier, développent le concept d’isomorphisme institutionnel, selon lequel deux organisations confrontées aux mêmes conditions environnementales auront tendance à s’adapter de façon similaire à ces conditions.

En France, le concept d’institution rejaillit en marge de l’université et de la discipline sociologique. On peut réunir sous le couvert de la philosophie sociale des pensées fort différentes qui se sont toutes penchées sur le concept d’institution.

Sartre s’y intéresse dans le cadre de sa dialectique des groupes dans Critique de la raison dialectique (Sartre) : au commencement se trouve la dichotomie fondatrice entre le rassemblement, ou « série », et le groupe. Cette dichotomie s’inscrit dans une temporalité propre : ainsi l’existence du groupe sera toujours menacée par le retour à la sérialité ou, pour reprendre les termes de Sartre, à « l’être inerte du rassemblement » (Sartre, p. 384). Le « groupe en fusion », premier avatar du groupe, rompt avec la série parce que, contre l’aliénation généralisée, il fait coïncider l’action commune et l’action individuelle. Le second moment, qui intervient après la retombée de la première révolte, est celui du serment. Poussé par la peur du retour à la sérialité, de l’éclatement du groupe, chacun consent au serment, cet engagement collectif qui bride la liberté individuelle mais qui fait « la naissance de l’individu commun » : « C’est par le serment que le groupe se pose pour soi, non plus comme moyen implicite de la praxis commune, produit et absorbé par elle tout ensemble, mais comme moyen d’atteindre un objectif plus ou moins éloigné » (Sartre, p. 453). Le groupe prend alors conscience de sa nature spécifique mais chaque membre est désormais tenu à des obligations réciproques indépassables qui le placent sous la conduite de ce que Sartre appelle la « Terreur » de chacun sur chacun. Avec le troisième moment, celui de l’organisation, le groupe devient enfin groupe, et non plus fusion de la sérialité. Le groupe existe désormais pour soi, en une entité distincte de ses membres et qui vise à sa propre pérennisation. Les tâches commencent alors à être distribuées entre les membres et l’organisation se dote d’organes, « d’appareils spécifiques ». Le groupe se définit maintenant par l’intégration réelle des actes particuliers dans la praxis commune, mais cette intégration crée des conflits entre l’individuel et le commun, conflits qui à leur tour vont s’exprimer par les transformations du groupe : « l’organisation se transforme en hiérarchie, les serments donnent naissance à l’institution » (Sartre, p. 567). Le moment institutionnel correspond en définitive au retour progressif de la réification et de l’aliénation. De l’institution naîtra la bureaucratie, et de la bureaucratie ressuscitera la sérialité originelle, la vie traversant le groupe s’étant perdue en chemin. Avec l’institutionnalisation, la boucle est bouclée : la brèche qui était apparue dans la normativité institutionnelle du fait de la rupture instituante est colmatée. Pourtant l’ordre institué ne revient pas simplement à l’état ancien : le tissu institutionnel prend une texture quelque peu différente, les groupes sociaux se sont réorganisés.

Il faut placer à part la réflexion de Louis Althusser sur les institutions. Héritier critique du marxisme, il ne retient, dans son article de 1970 « Idéologie et appareils idéologiques d’État » (Althusser), que deux volets du concept d’institution : les formes instituées, ici nommées « appareils » ; la force d’imposition idéologique que les appareils, parce qu’émanations de l’État, exercent sur les individus. Parmi les « appareils d’État » figurent la famille, la police, l’institution judiciaire, l’armée, l’administration, le gouvernement. L’appareil d’État n’est pas cependant le pouvoir d’État, lequel peut être détenu ou renversé en cas de révolution sans que l’appareil d’État ne soit désinstitué. Dans l’appareil d’État Althusser distingue entre « appareil répressif d’État » (ARE), unique mais connu sous plusieurs manifestations, et « appareils idéologiques d’État » (AIE), parmi lesquels les appareils idéologiques scolaire, familial, politique, médiatique, religieux et culturel. L’ARE « fonctionne (surtout) à la violence », que cette violence soit d’ordre physique ou d’ordre psychologique ; les AIE reposent surtout sur le travail de l’idéologie. Leur fonction est de maintenir l’idéologie dominante et le pouvoir d’État bourgeois et c’est pour servir l’idéologie dominante que les différents AIE, qu’ils soient d’ordre privé ou qu’ils soient administrés par l’État, forment un tout. Cette construction théorique ne serait qu’une réitération nuancée de la conception marxienne de l’institution si Althusser ne la faisait pas reposer sur le concept d’idéologie conçu comme une formation imaginaire qui permet aux sujets de se cacher la réalité sociale (la lutte des classes et les inégalités) à travers des représentations qui reforment pour eux une cohérence illusoire. L’idéologie est une « représentation » du rapport imaginaire des individus à leurs conditions réelles d’existence et c’est cette représentation que la philosophie d’Althusser et de ses disciples (Macherey, le premier Rancière, Étienne & Renée Balibar) vont s’efforcer de débusquer sous le tissu du texte.

Dans la lignée directe de cet article, Renée Balibar met en lumière dans Les Français fictifs (Balibar) l’effet déterminant de l’institution scolaire sur l’institution littéraire : la première, appareil d’État, est en effet chargée tant de l’enseignement de la langue nationale que du corpus admis et considéré comme relevant de la « littérature ».

Dans les mêmes années, Cornelius Castoriadis se penche dans L’institution imaginaire de la société (Castoriadis) sur la production sociale, c’est-à-dire l’institution d’un univers de signification imaginaires : l’institution désigne chez lui le processus de définition des significations imaginaires, c’est-à-dire d’un imaginaire social plus ou moins fixe. L’imaginaire radical est le lieu où s’instaurent des positions et des orientations communes de ce qui peut être fait et de ce qui peut être représenté, des valeurs, des croyances collectives. De l’étude de ce processus d’institution naît chez lui une réflexion sur les tensions qui agitent nécessairement l’institué, l’instituant et l’institutionnalisation.

Pierre Bourdieu se situe dans la lignée d’un usage dynamique du concept d’institution quand, malgré ses réserves sur le concept d’institution de la littérature (v. supra), il réintroduit la notion d’institution dans Langage et pouvoir symbolique (Bourdieu, 2001)pour en faire un « acte de magie sociale » qui crée ou par lequel on consacre une différence sociale (ainsi dans les concours des grandes écoles et les rites de passage devenus « rites d’institution » chez lui). L’acte d’institution, qui rassemble les sens de instituere et de institutio, est un « acte solennel de catégorisation qui tend à produire ce qu’il désigne », ou encore un « acte inaugural de constitution, de fondation, voire d’invention conduisant par l’éducation à des dispositions durables, des habitudes, des usages » (Bourdieu, 2001, p. 177).

Michel Foucault cherche à se distancier tant de Durkheim que d’Althusser. Dans Surveiller et punir, il aborde une « problématique de l’institution » qui comporte une mise en question théorique de la notion et une mise en crise pratique des institutions effectives (Sauvêtre). Ce que Foucault cherche à établir, c’est une microphysique des relations de pouvoir dont il pourrait partir pour analyser les institutions. Son appréhension du concept d’institution est statique : il les envisage au sens restreint d’établissements fermés ou d’espaces clos qui forment avec les individus un « corps collectif » avec lequel les individus n’ont pas le pouvoir de rompre. Foucault attaque, à travers le concept d’institution, la présupposition de l’individu et de la collectivité (restreinte dans l’institution, large dans le monde social) en tant qu’unités :

« Il me semble que [la notion d’institution] recèle un certain nombre de dangers, parce que, à partir du moment où on parle d’institutions, on parle, au fond, à la fois d’individus et de collectivité, on se donne déjà l’individu, la collectivité et les règles qui les régissent, et, par conséquent, on peut précipiter là-dedans tous les discours psychologiques ou sociologiques. » (Foucault, Le pouvoir psychiatrique, cité par Sauvêtre, p. 170).

Foucault s’intéressera plutôt aux dispositifs d’assujettissement des individus dans des milieux fermés, aux normes spécifiques qui régissent ces institutions et aux formes d’anomie qui y subsistent.

Contre l’interprétation de l’institution comme totalité figée, cause de névroses et d’aliénation, un courant a voulu redonner à la notion d’institution son caractère « polysémique, équivoque, problématique » (Lourau, p. 141). L’analyse institutionnelle consiste à étudier des lieux institutionnels (école, hôpital, prison, etc.) comme des lieux où se déploient des forces sociales en vue d’une fonction précise (l’enfermement du déviant, l’éducation, la santé) selon des normes considérées comme universelles ou du moins durables et par une organisation spécifique. Elle tente de passer de l’observation à l’intervention dans ces institutions et c’est là où elle rencontre la psychiatrie institutionnelle (Guattari). La pratique institutionnelle part du principe que la présence de l’analyste n’est pas neutre mais qu’au contraire elle modifie le fonctionnement même de l’institution et les rapports de force qui y sont établis. L’analyse institutionnelle, dite « vincennoise » du fait de son lien à l’Université Paris 8, est principalement le fruit du travail de Georges Lapassade et de René Lourau. Partant de la thèse de la bureaucratisation de la société et de l’aliénation de l’individu dans une société « hétéronome » (Castoriadis). Aux trois moments identifiés par Castoriadis (l’institué, l’instituant et l’institutionnalisation), Lourau croise les trois moments du mouvement dialectique chez Hegel : l’universalité (la vérité abstraite du concept), la particularité (l’incarnation circonstanciée et donc la négation du concept) et la singularité (la négation de la négation du concept). L’institué (ce qui est déjà là, ce qui cherche à se maintenir) correspond au moment de l’universalité, l’instituant (forces de subversion, de changement), qui met l’institué en tension, correspond au moment de la particularité, l’institutionnalisation, à laquelle les efforts de l’analyse institutionnelle seront surtout dédiés, vient résoudre la contradiction au moment dialectique de la singularité. En d’autres termes, le conflit qui révèle la tension interne de l’institution est ce qui assure à celle-ci sa dynamique. Les travaux de Lourau et d’autres se sont donc centrés soit sur les individus et les rapports inter-individuels (en particulier les individus et les groupes agissant et transformant les institutions de l’intérieur), soit sur l’organisation et son fonctionnement pour poser la question du rapport entre les forces instituantes et les formes instituées.

Dès 1800, Germaine de Staël jette dans De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales les bases d’une approche institutionnelle. Toutefois, la conception staëlienne des institutions, empreinte de foi libérale et républicaine, est encore celle des Lumières : elle refuse de voir la littérature se fermer sur elle-même et sur ses institutions propres, de la voir chercher son autonomie dans la rupture avec le politique. Staël est plutôt préoccupée de l’influence de la littérature sur les institutions républicaines et confie à l’écrivain un rôle d’intercesseur entre les citoyens et les gouvernants. Bref, elle ne rend pas visible l’appareil littéraire en tant que tel (Voir Dubois à propos de Staël).

Après une longue occultation, due à la prédominance accordée au génie créateur dans les études littéraires mais aussi à la prédominance de la théorie du reflet dans la tradition marxiste, le concept d’institution refait surface dans Literature as an Institution (Levin), lequel postule la littérature comme objet social à l’instar du droit et de la religion.

Il faudra attendre 1978 et L’Institution de la littérature (Dubois, 1978) de Jacques Dubois pour que l’analyse institutionnelle de la littérature acquière ses lettres de noblesse. L’attention portée à l’organisation et aux fonctions de l’institution littéraire vise, chez Dubois, à ôter à la littérature son soi-disant caractère universel et essentiel, détaché de toute base historique et sociale. Prenant appui sur la sociologie institutionnelle de Lourau, sur la théorie des champs de Bourdieu et sur l’analyse idéologique d’Althusser, Dubois conçoit l’institution de la littérature comme un ensemble de normes qui définissent une légitimité, c’est-à-dire l’intériorisation collective d’un rapport de forces. L’une des particularités de l’institution de la littérature par rapport à d’autres est que la première est une institution plus anarchique, plus « molle » que d’autres, dépourvue d’une charte ou d’un code déterminés. Le concept d’institution de la littérature se définirait triplement : 1) comme une structure propre à un secteur d’activité, délimitant et contrôlant des pratiques en son sein, 2) comme un système socialisateur pour les individus et reproducteur pour les rapports sociaux via l’imposition de systèmes de normes et valeurs, et 3) comme un appareil idéologique, un lieu où se développent des logiques de domination et de subordination. Par rapport à l’institution générale, aussi invisible que prégnante, Dubois repère un certain nombre d’« instances », comprises comme des rouages institutionnels « remplissant une fonction spécifique dans l’élaboration, la définition ou la légitimation d’une œuvre » (Dubois, p. 82). C’est donc principalement pour leurs fonctions dans la légitimation des œuvres (et de leurs auteurs) que les instances sont considérées, non pour elles-mêmes. Par ailleurs, ce que Dubois nomme « instances » n’est pas très éloigné de ce que Durkheim d’un côté, Weber de l’autre nomment « organisations » pour désigner des faits sociaux aux contours plus nets que ceux d’une institution. Deux types d’instances se présentent : les unes « extra-littéraires » (famille, école, censure, commerce), les autres « intra-littéraires » ou spécifiques qui exercent une action à un point précis de la trajectoire d’une œuvre ou d’un écrivain : l’émergence (salon, cénacle ou revue), la reconnaissance (critique), la consécration (prix, académie) et la conservation (programmes scolaires).

Pierre Bourdieu, répondant à Dubois, affirme ne guère se fier à ce concept d’institution littéraire à cause de ses « connotations durkheimiennes » (Bourdieu, 1998, p. 379), parce que ce concept laisserait planer un « aura consensuel » sur un univers pourtant conflictuel (le champ littéraire) et encore du fait que l’une des propriétés significatives de ce champ est précisément son faible degré d’institutionnalisation, c’est-à-dire l’absence d’arbitrage et de garantie juridiques dans les luttes d’influence pour la défense ou la conquête des positions dominantes.

Alain Viala a proposé une autre taxinomie dans son article de 1990 « L’Histoire des institutions littéraires ». Définissant les institutions comme « des instances qui élèvent des pratiques du rang d’usages à celui de valeurs par un effet de pérennisation […] et les valeurs ainsi établies » (Viala, 1990, p. 120), et renonçant ainsi à la discrimination terminologique entre instance et institution, Viala hiérarchise trois ordres ou trois strates institutionnelles qui interfèrent et interagissent : les institutions littéraires qui constituent la substance même du code littéraire (les genres et les écritures) ; les institutions de la vie littéraire qui régulent l’énonciation du discours littéraire, qu’il s’agisse d’instances matérielles (lieux et groupes) ou de façons érigées en lois (mécénat, censure) ; enfin les institutions supralittéraires, ou « instances sociales à l’autorité communément reconnue et qui incluent “du littéraire” parmi d’autres objets et disciplines » (Viala, 1990, p. 122), parmi lesquelles l’École, l’Église, les salons, les cabinets de lecture, etc. À l’inverse de Dubois, il passe donc sous silence l’effet de détermination de ces rouages institutionnels sur le parcours de l’écrivain et met plutôt de l’avant les lieux où s’exerce la contrainte institutionnelle.

Il y a eu un saut dans l’utilisation du concept d’institution en sociologie de la littérature, dans la mesure où celle-ci (Dubois & Viala) a adopté, non sans nuances, la théorie de Pierre Bourdieu d’un processus d’autonomisation du champ littéraire. Passant de structures sociales où s’exercent la coercition à une structure sociale « faible » ou « molle » comme l’est la littérature (Denis & Klinkenberg), un changement s’opère. Soit les institutions servent à la régulation et à la reproduction idéologique (l’idéologie dominante qui est celle de la classe dominante) par le canal de la littérature, soit elles servent l’idéologie spécifique du champ littéraire qui vise à la distribution d’un capital symbolique global selon des critères qui lui soient propres dans un espace conçu comme relativement autonome du monde social. Du moins y a-t-il tension entre ces deux mouvements, ceci aboutissant à un champ très autonome mais faiblement institutionnalisé1.

C’est principalement dans deux champs littéraires marqués par la problématique de la périphérie que la réflexion sur l’institution de la littérature a été la plus poussée. À voir à ce propos : Lemire; Gauvin & Klinkenberg ;Robert, 1989 et le numéro « L’institution littéraire » de Textyles. Revue des lettres belges de langue française (1998). On mentionnera aussi la thèse de Jean-François Kola, Identité et institution de la littérature en Côte d’Ivoire (Kola).

En analyse du discours

Dominique Maingueneau a développé le concept d’institution discursive, c’est-à-dire de processus par lequel s’institue l’énonciation, philosophique en l’occurrence, par lequel elle légitime son propre espace discursif, bref le dispositif grâce auquel la philosophie est lue « comme » de la philosophie. En lien direct avec d’autres concepts lancés par Maingueneau, tels le discours constituant et la paratopie, l’institution discursive se déploie sur plusieurs plans et s’oppose donc à l’opposition artificielle entre le texte et un contexte qui serait disposé autour de lui et qui n’en toucherait pas la nature profonde.

Comme Jacques Dubois dans la dernière partie de L’Institution de la littérature (Dubois, 1986), Maingueneau estime que le processus de légitimation des œuvres n’est pas seulement une consécration (Voir cette notice) venue de l’extérieur et qui atteste de la valeur de cette œuvre mais que cette légitimation « traverse l’ensemble de son processus de constitution ». En d’autres termes il y a « mise en œuvre » du contexte à travers l’institution discursive (Maingueneau, 1995, p. 43). Ou encore : « l’institution discursive est le mouvement par lequel passent l’un dans l’autre, pour s’étayer, l’œuvre et ses conditions d’énonciation » (Maingueneau, 2004, p. 42).

 

Détours conceptuels

Institution et médiation

Le concept d’institution suppose celui de médiation : l’institution a bien une fonction intermédiaire, médiatrice, entre l’individu et le social. Dans les études littéraires, toute la sociocritique a fait soit de l’« idéologie » (Althusser) soit de la « socialité » (Duchet) la médiation centrale entre le texte et le monde social. Le déplacement vers la médiation de l’institution littéraire a ouvert de nombreuses possibilités de recherche (Dubois, 1985) qui incluent les médiations entre les discours (et leur contexte d’énonciation) et le social.

Institution et anomie

Si l’institution produit des tensions entre institué et instituant, c’est parce qu’elle produit sa propre déviance : le processus de normalisation à l’œuvre dans l’institutionnalisation procède généralement par inclusion et exclusion, et donc par la reconnaissance de l’anomie. Pour reprendre la terminologie de Deleuze, l’ordre institué forme des ensembles molaires qui tendent à fixer, à territorialiser les flux moléculaires qui les corrodent. Par les interstices circulent malgré tout les flux moléculaires qui, contraints à la fuite et à la relocalisation, ressurgissent continuellement à d’autres points de jointure. Bourdieu a quant à lui mené dans ses travaux sur Manet une réflexion sur l’« institutionnalisation de l’anomie ».

La figure du déviant et la déviance elle-même, qu’elles agissent sur l’idéologie ou sur l’organisation de l’institution, sont indispensables pour assurer la cohésion de l’ensemble institutionnel. C’est ce que René Lourau a appelé « l’effet analyseur » : « les individus non-conformes, les groupes marginaux, les catégories sociales anomiques » seraient véritablement des producteurs de sens de la société parce que, négativité personnifiée, ils permettent de révéler la structure de l’institution, « de la provoquer, de la forcer à parler » (Lourau, p. 283).

Institution et pouvoir

La notion d’institution suppose aussi celle de pouvoir : pouvoir que l’institution exerce sur l’individu, soit comme force d’imposition idéologique, via un macro-pouvoir immatériel (la norme, la loi, la doxa) et un ensemble de micro-pouvoirs (celui de l’enseignant, du critique, de l’éditeur, des fonctionnaires) (Robert).

 

Bibliographie

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Notes

  1. Plusieurs numéros de revues et ouvrages collectifs ont creusé le sillon tracé dans les études littéraires par Dubois et Viala : Halté & Petitjean ; « L’Institution littéraire », I et II, dans Littérature; Heinstein ; Marchal. À ces numéros de revues il faut ajouter quelques études ambitieuses consacrées à des « institutions de la vie littéraire » : Lilti & Viala 1985 (quoique son propos soit plus large) sur les salons, Glinoer & Laisney sur les cénacles, et dans une perspective plus impressionniste Fumaroli, Hellegourc’h & Craveri sur l’Académie française ; ou d’autres encore sur des « institutions supra-littéraires », par exemple Antoine Compagnon sur ce qu’il appelle la Troisième République des lettres.


Pour citer cet article :

Anthony Glinoer, « Institution », dans Anthony Glinoer et Denis Saint-Amand (dir.), Le lexique socius, URL : http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/45-institution, page consultée le 20 avril 2024.

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