Publié dans la revue Texte en 2009, le dossier dirigé par Anthony Glinoer, "Carrefours de la sociocritique", était devenu difficilement accessible.

Le site des ressources Socius le rend désormais accessible à tous à cette adresse.

 

Table des matières

 

Anthony Glinoer, Introduction

Edmond Cros, Sociocritique et psychanalyse ― synthèse d'un parcours euristique

Pierre V. Zima, La sociologie du texte comme théorie de la littérature et métathéorie scientifique

Marc Angenot, Nouvelles propositions pour l'étude de l'argumentation dans la vie sociale

Jacques Dubois, Le roman sociologue

Alain Vaillant, De la sociocritique à la poétique historique

Jean-Pierre Esquenazi, Vers une sociologie du texte ?

Ruth Amossy, La “socialité” du texte littéraire : de la sociocritique à l'analyse du discours. L'exemple de L'Acacia de Claude Simon

Rainier Grutman, Le virage social dans les études sur la traduction : une rupture sur fond de continuité

Anna Boschetti, Présupposés et vertus de l'échange théorique transnational

Jérome Meizoz, De la sociocritique à l'ethnocritique et au-delà : vers un carrefour de méthodes

Le Gremlin, Sociocritique, médiations et interdisciplinarité

Chantal Savoie, Pour une sociopoétique historique des pratiques littéraires des femmes

 

Extrait de l'introduction

 

Lire le texte à travers le social, lire l'œuvre dans son contexte de production (social, discursif, historique, politique, institutionnel), lire le social à travers le texte : ces perspectives n'en finissent pas de s'entrechoquer. La sociocritique, diversement conçue, entendue, appliquée, mais toujours mise à contribution pour articuler le littéraire avec le monde social, a constamment buté sur ces mêmes questions : où finit l'analyse interne et où commence l'analyse externe ? Comment pratiquer une herméneutique sociale sans réifier la clôture du texte ? Où marquer la frontière entre la littérature et les autres composantes du discours social ? Autant de questionnements nécessairement insolubles, toujours à relancer vraisemblablement parce que c'est dans le questionnement lui-même, plus que dans des règles de méthode que s'est manifesté l'apport majeur de la sociocritique.

Renonçant à poser, après d'autres, une définition unitaire et toujours déceptive, le présent dossier propose de faire voir et de faire valoir la diversité des approches sociocritiques. D'où le choix de la métaphore routière (carrefours, croisée des chemins, voies parallèles, etc.) qui semblait s'imposer pour rendre compte de ce faisceau d'initiatives, de propositions, de références. Si l'analyse littéraire a plus que jamais besoin de se confronter à l'analyse du social, quelle pertinence au 21e siècle pour la sociocritique ? Si elle a encore sa raison d'être, est-ce dans la transition vers d'autres disciplines, moins marquées par leur propre histoire, moins grevées par leurs propres ambiguïtés, ou alors dans l'affirmation forte d'une certaine singularité critique ? Telles sont les questions posées à la vingtaine de chercheurs réunis dans ce dossier. Les uns ont choisi de condenser en un article plusieurs décennies de recherches et de dessiner des orientations générales, d'autres ont pris le parti d'ouvrir de nouvelles pistes par la mise en dialogue de la sociocritique avec des disciplines émergentes ou convergentes (la (socio-)poétique historique, l'ethnocritique, l'écologie du texte, la psychanalyse, l'analyse du discours). Plusieurs notions et concepts (socialisation, argumentation, analyseur, polysystème, sociolecte) ont été isolés et interrogés pour leur valeur opératoire dans la recherche sociocritique. L'œuvre littéraire a été aussi envisagée par plusieurs angles (les médiations, les discours, l'interprétation par les lecteurs, les transferts d'une culture à l'autre). Autant d'orientations et de projets de réorientations dont ce dossier se veut le creuset.